Orages du 6 Mai 2023

Alors ! Cela va faire 5 mois depuis l’épisode neigeux. Que s’est-il passé depuis ?

Pas grand chose.

Si, quand même : Bergerac c’est peut-être terminé. Pourquoi ? Parce que notre propriétaire, refusant de faire les travaux de notre logement classé non-décent par le département, à trouvé un prétexte pour reprendre le bail. Ainsi, nous avons jusqu’au mois d’Août pour trouver un logement, ailleurs.

On va donc dire que le moral c’est pas toujours ça. Mais faut tenir, et garder espoir. Des fois, des petits éclats de lumière viennent éclairer cette piste pas très bien éclairée qu’est le temps présent, comme le 6 Mai dernier, quand des orages se sont manifestés. C’était diurne, donc vous n’aurez pas de photos de foudre, mais vous aurez quand même quelques structures. Ainsi qu’une collection de grêlons.

Photos, explications, tout ça.

Il est 18h, et je me rends sur le balcon. Pour voir ceci :

Panorama grande dimension couvrant presque la moitié du ciel. Paysage de maisons individuelle et résidentielles avec des arbres entre elles. Dans le ciel, une forme nuageuse massive, en forme d'enclume, avec des remous et semblable à du coton sombre. Ciel un peu plus dégagé à droite permettant de voir des formations boursoufflées agitées.

Une belle cellule orageuse sur le Lot-et-Garonne, bien massive. On entendait de nombreux roulements de tonnerre en provenance de l’orage.

Du coup, je regarde le radar :

Imagerie radar sur le Nord de l'Aquitaine, de la Charente, du Limousin, dont voit les limites administratives. Bergerac est signalée au Sud-Ouest de la Dordogne. Au Sud, une tâche signale une cellule orageuse compacte. En pointillés, sa direction qui va vers la Nord. Cette cellule est fléchée par du texte qui dit : cellule qui est SUPER

En effet, ça a l’air bien costaud. Je me dois de faire une sortie pour voir comment ça va évoluer, d’autant que la nature supercellulaire de l’engin est possible, bien que difficile à renseigner.

Sur le site Béta, voici l’orage.

Paysage de champs en labours bordé par une route à gauche avec quelques maisons et des arbres de l'autre côté de cette route. Ciel encombré sur la plus grande partie de l'image, menaçant près de l'horizon avec beaucoup de contrastes. Plus haut, ciel plus homogène. A droite, ciel bleu.

Effectivement, difficile d’y voir une quelconque supercellule. Il manque plein d’éléments, comme une bande d’afflux, une tour convective enroulée sur elle-même, un nuage mur rotatif. Et ça manque clairement de dynamisme, dans le sens où les nuages avancent plutôt lentement.

Je m’intéresse un peu à ce qui se passe à l’Ouest, avec ce cliché très satisfaisant de rigueur symétrique.

Photo très symétrique avec autant de sol que de ciel, l'horizon étant au milieu, plat. Quatre bâches plastiques noires en bande filent vers le centre de l'image, en perspective. Les deux de droite sont percées pour laisser apparaitre des pousses. Le sol est terreux et labouré. Le Soleil est parfaitement au dessus et au centre, avec un ciel chargé de petits cumuls congestus, qui bouillonnent, ainsi que de nombreux nuages d'altitude fragmentés plus lisses.

Retour sur la cellule du Lot-et-Garonne qui a présent aborde la Dordogne. Elle devient plus menaçante. Mais…

Retour sur le Sud de l'horizon (route à gauche, qui borde le champs labouré). Ciel toujours aussi chargé, la base de l'orage apparaît maintenant clairement, menaçante.

Je regarde le radar et me dis que c’est bon, on va l’avoir.

Même image radar, un peu plus tard. La cellule progresse vers le Nord, presque contre Bergerac. La flèche dit : Y a de la grêle, sans doute va falloir s'accrocher

Mais plus à l’Ouest, ça bouillonne. Littéralement.

Zoom sur des congestus vus en ombre chinoise, contre-jour, dont les ombres tracent des rais de lumière devant eux.

Et cette cellule prends vite de l’ampleur, alors qu’elle était insoupçonnable au départ.

Un nuage d'orage en formation. La base est lisse et compacte. Le corps s'étire verticalement vers l'horizon et le sommet présente de nombreuses cumulifications.

Et de l’ampleur, elle va en prendre, son enclume va vite envahir le ciel jusqu’au zénith, plus loin même.

Et sur le radar, elle ne tardera pas à se montrer. Avec un effet désastreux sur la première cellule.

Même image radar, plus tard. Plus de cellules se forment sur le département, dont une à gauche de la première cellule. Fléchage qui dit : Deuxième cellule qui vient pomper l'énergie convective de la première. PAS SUPER. La flèche pointillés indique la nouvelle direction de la première cellule à l'Est de Bergerac qui évite la ville, et semble dire LOL NOPE. Un dernier fléchage, plus au Nord, dit : En tout cas, ça devait être SUPER sympa ici aussi

Deux nouvelles. Une mauvaise et une bonne. La mauvaise nouvelle c’est que la nouvelle cellule va littéralement pomper la source d’alimentation de la première cellule, qui perdra vite son apparent caractère supercellulaire et reprendra une route plus classique vers le Nord-Est et évitera Bergerac. La bonne nouvelle, c’est que cette seconde cellule, bien plus jeune, se montrera bien explosive et virulente.

Vue plus large, les nuages envahissent tout le ciel, le Soleil perce au travers des nuages à droite, avec de nombreux rais de lumière rendus visibles par les premières pluies émises par l'orage situé plus à gauche. On voit dans le champs labouré les quatre bâches plastique noires qui filent vers l'horizon.

Ce sera la dernière photo possible, la pluie commençait à tomber. Une petite dizaine de minutes plus tard, c’était le déluge, avec de la grêle, qui finira par tomber. Les gros « bam » sur la voiture m’indiquent que les grêlons sont de bonne taille.

Finalement, tout s’arrête, cette cellule continuera sa route vers le Nord-Est, en ayant dévoré au passage la première cellule observée plus tôt.

Maintenant, collection de grêlons, qui sont vraiment jolis. J’ai pu estimer leur dimension entre 2 et 2.5 cm.

Quatre grêlons reposent sur l'herbe, ceux-ci sont blancs et un peu craquelés. Un couteau suisse est posé juste en haut pour l'échelle et permettent de rendre compte de la taille des grêlons qui sont d'environ deux centimètres (deux largeurs de pouce environ).

Cette image est intéressante car on peut voir de nombreux grêlons fracturés, dévoilant leur intérieur avec plusieurs couches de croissance. Des couches transparentes correspondant à la fonte de la surface du grêlon puis son gel, et des couches blanches, correspondant à de la formation de glace sur la couche surfondue. A en voir le nombre de couche, je dirais que certains grêlons ont fait 4 aller-retour du sommet à la base du nuage, constamment repris par les courants ascendants et descendants de l’orage. Autre indice, cette fois sur la nature de l’orage : les grêlons sont globalement sphériques, ils ne sont pas groupés en grappes et ne présentent pas d’aspérités, qui sont souvent dans le cas contraire le signe de grêle formée au sein d’une supercellule.

Plein d'autres grêlons de tailles diverses, certains sont fracturés, laissant voir les couches concentriques de croissance. Le couteau suisse est aussi posé pour l'échelle, rendant compte des dimensions des grêlons, entre 1 à 3 centimètres environ.
Plein de grêlons accumulés au pied d'un mur, fracturés, entiers, mélangés à de la végétation qui a été hachée par leur chute.

Donc une sympathique sortie orageuse. J’espère que cette saison 2023 sera riche en phénomènes orageux, nocturnes de préférences car photographier la foudre, c’est mon grand plaisir. Mais je ne désespère pas de pouvoir aussi avoir de belles structures, comme des arcus, des nuages-mur, de la … tornade ? Bon, ne rêvons pas trop.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.