Épisode neigeux à Bergerac le 19 Janvier

Un article que j’attendais de pouvoir faire depuis longtemps. Très longtemps. Bon allez : trop longtemps.

Comprenez, obtenir de la neige, qui forme une couche au sol à Bergerac est de plus en plus compliqué. Il faut des paramètres assez singuliers : un apport d’air humide suffisant, qui puisse donner des précipitations, l’air océanique doit se tenir à l’écart ou tout du moins repoussé pour que l’air froid venu de l’Est puisse faire en sorte que la pluie soit de la neige. C’est à peu près un tel cocktail favorable à la neige qui a pu se mettre en place hier, le 19 Janvier 2023.

Analyse de la situation

Que s’est-il passé alors, le 19 Janvier, au soir ?

Voici deux cartes, tirées du modèle GFS 0.5°, sur la France, qui montrent la situation telle qu’elle était modélisée alors.

On voit sur la carte ci dessous l’état de l’atmosphère à 500hPa (soit environ la hauteur de la tropopause, à 10 000 km d’altitude). On voit clairement une anomalie de troposphère, signalée par un L, à 1001 hPa. Cela est important car il s’agit d’un minimum dépressionnaire. Il faut savoir qu’une dépression tourne dans le sens cyclonique sous nos latitudes, à savoir dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. On peut donc comprendre qu’en Dordogne, le flux d’air serait orienté par le Sud. Cette dépression va descendre, et le flux d’air alors basculera vers le SE, puis vers l’Est. Et c’est très intéressant car cela va repousser l’air maritime, doux, vers l’Ouest, et occasionner une baisse des températures.

Carte météo de la France, montrant sur le Golfe du Lion, au large de Bordeaux, un minimum dépressionnaire. Echéance du 19 Janvier 2023 à 15h UTC (16h temps civil)

Et ici, la modélisation des précipitations. On peut voir clairement que la limite pluie/neige est située à la frontière Gironde/Dordogne, et que le reste de l’Ouest aquitain sera sous l’influence de l’advection douce atlantique. A ce stade de la modélisation, difficile de savoir encore ce qu’il en sera en temps réel, c’est l’affaire du degrés Celsius près et de synchronisation des précipitations avec l’arrivée d’un air plus froid.

Carte météo modélisant les précipitations sur le territoire. On peut voir le Sud-Ouest sous de la pluie, ainsi que de la neige, notamment sur la partie Est de l'Aquitaine. Le coeur de la dépression est signalée par un maximum de précipitations sur le bassin d'Arcachon

Temps-réel justement. Voici la situation en début de soirée sur l’Hexagone. On le voit bien, les modélisations avaient vu assez juste. La dépression située tout près du littoral aquitain, les précipitations qui s’enroulent autour. J’ai rajouté des flèches indiquant le sens de rotations ainsi que le conflit de masses d’air.

Carte météo des précipitations obtenues avec le radar de Météo France. Tout le Sud Ouest est sous l'influence des précipitations, formant un gros crocher incurvé en direction de l'océan. Des indications sous forme de flèches montrent le centre des basses pressions située au large du bassin d'Arcachon. Une flèche dans le crochet des précipitations, au Nord Est, indique l'apport d'air froid, tandis qu'une autre, inversée et sur le pays basque, indique l'apport d'air doux.

Pour le déroulé de journée à Bergerac, on commencera à avoir de la pluie aux alentours de 16h. Vers 17h, de la neige se mêlera à la pluie, pour n’avoir que de la neige seule en à peine une demi-heure. La tenue sur les surfaces ne pourra quant à elle se faire que vers 18h30 environ, avec un refroidissement plus important. On passera de 4.6°C à 14h, à 0.4°C à 19h.

Allez maintenant, les photos

Maintenant que la situation est bien cernée, place aux photos. Le soir je n’ai pas pu en faire beaucoup, me contentant de mon quartier, que voici ci-dessous. On voit que la couche de neige est homogène, et tient sur toutes les surfaces. Je ne parviens pas vraiment à en croire mes yeux. De la neige, chez moi, à Bergerac ! Mais ce n’est que le début. Le lendemain s’annonce riche en clichés.

Vue d'une rue le soir, sous la lumière des lampadaires, avec les routes, les trottoirs, les toits, blanchis par une fine couche de neige.

Après avoir plus ou moins bien dormi et un petit-déjeuner rapide, je décide de prendre l’initiative et ma voiture afin de me rendre sur les hauteurs, à Monbazillac.

Que dire ? Les images parleront d’elles-même.

Paysage valloné blanchi par la neige, à peine dérangée par quelques traces de pas. Ciel bleu avec quelques nuages.

C’est à Malfourat que je passerai d’abord. C’est surtout mon point de vue pour observer les orages, mon site favori à la vue imprenable. Mais aujourd’hui, point d’orages. Mais la neige. Je me rends à la rose des vents installée sur toit du restaurant La Tour des Vents. Personne n’y est encore venu. La neige immaculée est intouchée. On dirait un sanctuaire.

Environnement clos par de la cloture métallique, formant un arrondi. Au fond, une structure métalique sur laquelle repose une dalle en ciment. Le tout est enneigé, avec le sol lisse et d'un blanc éclatant.
Point de vue inverse où la dalle en ciment montre sa forme circulaire. A droite une tour en pierre se dresse. A gauche, le Soleil brille au dessus de toits en tuiles enneigés.

Je saisi un panoramique complet sur la vallée de la Dordogne, totalement enneigée, avec Bergerac en son centre.

Image panoramique montrant la vallée de la dordogne couverte de neige, et dont les arbres émergent ci et là. Le temps est ensoleillé et quelques stratus errent dans le ciel.

Vue plus rapprochée sur l’horizon. Vraiment ce paysage…

La colline en avant est lisse sous la neige, des arbres semblent la garder. Un toit blanchi entre deux branches. Et au loin, s'étire la vallée, striée par les rangs impeccables des champs de vigne.

La photo suivante est à la fois merveilleuse, et révoltante. Merveilleuse car elle montre Malfourat, ce site que j’affectionne tant, sous la neige. Et révoltante car le parking que j’avais l’habitude d’utiliser n’existe tout simplement plus. En lieu et place trônent 3 bungalows en bois, montés sur pilotis, dont les travaux se terminent. Il s’agit de maisons d’hôte, à louer, pour riches touristes. Ce petit complexe s’appelle « Les Cabanons de Monbazillac », et ont réalisé le tour de force de privatiser cet endroit que tant de chasseurses d’orages connaissent, car le parking permettait de se garer rapidement, pour pouvoir déployer son matériel, dans l’attente du ou des orages. Ce temps est désormais révolu. Cela dit, le chateau d’eau n’a pas été touché, et il reste la possibilité de se garer devant, et de pouvoir quand même profiter de la vue, mais de façon partielle, car désormais, tout ce qui se passe à l’Est sera inaccessible, à moins de se rendre directement en dessous des terrasses équipées de SPA du mini-complexe touristique. Au passage, plusieurs arbres ont du être abattus pour les besoins de ces « cabanons » à 185€ la nuit. Et il va sans dire que ce site sera sans doute massivement éclairé la nuit, offrant peu de perspectives de faire de bonnes photos.

En premier plan, un bout de toiture enneigée. Derrière, la route qui passe de droite à gauche. De l'autre côté de cette route, derrière quelques arbres, trois maisons en bois massif, sur pilotis. A leur droite se dresse, comme un gigantesque monolithe cylindrique de béton, le château de Malfourat. Un camion est stationné devant. Le tout est enneigé avec le Soleil brillant au dessus des maisons de bois.

Retour dans la poudreuse. Enfin non, ce n’est plus exactement de la poudreuse, mais de la neige qui commence à se tasser sous l’effet des températures désormais positives. Et je préfère me taire pour le moment, profitez de ce morceau de Périgord Pourpre sous la neige.

Alignements de vignes sous la neige
La neige au sol, avec quelques brins d'herbe qui dépassent
La neige au sol, avec des piquets de soutien des rangs de vignes/
Vue large sur d'autres rangs de vigne, la vue porte loin, vers un paysage doucement valloné, et enneigé, fortement éclairé par la lumière solaire

Panorama de la splendide vue sur le Sud.

Panorama plus large de la vue précédente, qui dévoile une ferme à droite, dont les toits sont blancs.

Je fais une dernière photo du chateau d’eau, en me disant que c’est peut-être la dernière fois que je verrai ces lieux ainsi.

L'imposant chateau d'eau qui étire son ombre sur la surface immaculée de la neige au sol.

Et puis…

Neige au sol avec deux rangs de vigne qui émergent de la butte, une maison à gauche et uns des cabanons en bois sur la droite, plus haut.

Je me décide à aller au château de Monbazillac, pour archiver ce lieu célèbre, sous la neige.

Il est fermé pour la saison donc ne ne peut pas s’y promener. Toutefois, j’errerai près de lui, juste à l’Ouest.

Cour enneigée dont on ne voit que la partie gauche. De grands arbres la borde. Derrière, le chateau aux allures mélées de chateau fort et de chateau dit renaissance.

Je trouve une interstice au travers d’une haie. Finalement, j’obtiens une photo assez « carte postale ».

De la végétation encadre l'image de toute part, surtout à gauche. Au milieu droit, un dégagement permet de voir le chateau de Monbazillac, avec ses toits pointus et coniques.

Je continue l’excursion vers un petit plateau en contrebas, au Nord d’un champs de vignes.

Chemin de terre encaissé couvert de neige, débordant l'horizon de toutes parts.
Et je m’y retrouve tout à fait.
Champs enneigé descendant vers la vallée. Mon ombre se projète sur la neige.

Je me retourne pour voir la silhouette familière du château, cernée de neige.

La neige ondule doucement sous le Soleil, et la silhouette sombre du chateau émerge derrière la crête.
En zoomant un peu.
Le chateau se dévoile partiellement au dessus du sol enneigé, dont les toits, également enneigées, montrent leur forme de cônes et de pyramides entremêlées.

Extrait de paysage enneigé.

Quelques pins alignés sur un flanc de colline enneigée

Je zoome sur ma ville. Histoire de bien m’imprimer dans mon esprit que c’est bel et bien en pays de Bergerac que je suis, et que cette neige n’est pas une illusion.

Photo fortement zoomée sur la ville de Bergerac, dont on distingue le clocher de l'église, comme une pointe vers le ciel, entourée de toits blanchis et d'autres batiments s'étirant de toutes parts. A l'arrière, les collines du nord de la ville, couvertes de forêts et dont les parties clairsemées sont blanches.

Une dernière photo des lieux avant de repartir.

Le château de Monbazillac au milieu d'un champs enneigé, partiellement caché par quelques arbres décharnés.

Et je vous dis au revoir, avec ce selfie, parce que je ne pouvais pas résister. Ah oui ! J’ai retrouvé un chapeau !

Photo de mon visage, très souriant, qui exprime la joie et la satisfaction de voir de la neige chez moi. Je porte un chapeau noir, avec un petit autocollant Tiplouf sur le cuir, je porte des lunettes noires. Mes longs cheveux ondulés blonds dépasses sur mes côtés, et je porte un manteau épais. Derrière moi, les vignes sous la neige.

3 commentaires Ajoutez le votre

  1. Rolando dit :

    Todas las fotos muy interesantes, pero en la última finalmente conozco a la autora. Congrats.

    1. Damia Bouic dit :

      Gracias Rolando 🙂

  2. Bravo encore une belle série. Ehhh oui ces sites utilisés 2 mois par an pour des touristes qui ont peur du noir font qu’en France, il y a près de 10% de ciel noir en moins par an. Une honte, et on devrait faire attention à notre consommation ?
    Très joli travail, 5* !

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