Le Mont Puget, à Marseille – un petit dossier

Depuis un certain temps déjà je prévois de faire un article assez détaillé sur le Mont Puget, cette montagne qui est le dernier relief Marseillais avant Cassis et le commencement de la Côte d’Azur, sur le littoral.

Mon premier contact avec Luminy s’est fait par le Mont Puget, lorsqu’en début Mai 2005, j’ai passé mon concours d’entrée à l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Marseille (qui va être renommée en « Ecole Supérieure d’Arts Marseille Méditerranée », bien pompeux comme tout quoi). En effet, depuis l’entrée de l’école, mon regard fut attiré par une bien curieuse barre rocheuse ponctuée de-ci de-là par des buissons, dans le lointain. Mon oeil s’est mis à courir tout le long pour grimper sur le Mont Puget. C’était trop tard, j’étais faite. Je me suis mise immédiatement à rêver d’orages merveilleux descendant le long des pentes calcaires. Les jeux de lumière avec le Soleil et les nuages. A cette époque je ne connaissais évidemment pas le nom de cette montagne. Mais elle avait déjà commencé à avoir une emprise sur moi.

Ce n’est qu’en première année à l’ESBAM que j’ai pu connaître son nom : Mont Puget. C’était lors des classes de peinture, où nous nous exercions à peindre avec la technique désirée ce relief incontournable à Luminy.

Et puis, j’ai commencé à vouloir grimper sur ses flancs, pour atteindre son sommet. J’eu de grosses difficultés car la première fois j’ai fais ça un peu à l’aveugle. Je me suis retrouvée au pied d’une falaise infranchissable. La deuxième fois j’avais fait des erreurs de parcours. Ce n’est qu’au bout de la troisième tentative, en Mai 2007 que j’ai atteint le sommet. Ce fut absolument mémorable. La chaleur moite d’un printemps finissant, annonce d’un été caniculaire. Et puis le vent une fois là-haut, le Mistral, soufflant par rafales. J’étais tombée définitivement amoureuse du Mont Puget, sans même m’en rendre compte. Et dès lors, je n’ai cessé de l’arpenter, notamment ces deux dernières années, découvrant de nouveaux lieux, de nouvelles pistes, des panoramas inédits pour moi. Y étant allée à toutes les saisons, que ce soit en foulant une poudreuse toute fine, volant au gré du vent ; dans le brouillard le plus opaque ou bien avec une chaleur presque étouffante.

Ceci est mon histoire personnelle avec cette montagne. Car pour moi, c’est une véritable montagne. Son altitude pourtant ne donne pas le vertige, avec 564 mètres. Mais la difficulté de son ascension, les différences de conditions météorologique entre le sol et le sommet, le paysage découpé et varié qu’elle propose, font de ce qui pourrait n’être qu’une simple colline une vraie montagne. 564 mètres… La moitié grosso-modo de la Sainte Baume. Un mont dont les racines plongent dans la Mer Méditerranée.

L’origine de cette montagne est liée étroitement à celle du massif des Calanques et de toute une partie de la Provence. Il faut remonter de plusieurs centaines de millions d’années pour trouver une Europe totalement différente de celle que l’on connaît. A cette époque, il y a en lieu et place une mer nommée « Tethys ». Celle-ci est peu profonde et offre un archipel d’îles, comme nos Caraïbes actuelles. Des animaux sous-marin pullulent dans ces eaux. Ceux-ci meurent, et leur exo-squelettes se déposent dans le fond marin et amorcent un processus de sédimentation. Des centaines et des centaines de mètres s’y déposent, en une centaine de millions d’années. Le climat change, se refroidit. Tethys se retire, pour disparaître à la faveur de glaciers. Ceux-ci vont sculpter les premiers paysages européens, et notamment la future Provence. Un autre bouleversement se produira, avec la poussée de la plaque africaine contre celle de l’Europe. Un premier soulèvement aura lieu et donnera naissance aux Pyrénées. Et tout à l’Est, très loin, du fait de cette même poussée, les anciens fonds marins remonteront, et formeront des plissures, orientées d’Est en Ouest. C’est ainsi que la Sainte Victoire et la Sainte-Baume émergeront. Et c’est ainsi aussi que le Mont Puget, la Montagne Carpiagne et Marseillevyre dans une moindre mesure, pousseront. Le climat se réchauffe de nouveau. Les glaciers se retirent, et laissent derrière eux des vallées glaciaires larges. Les eaux de surface creuseront la surface, profondément par endroit, pour donner naissance aux Calanques. Nouvelle période glaciaire, suivie de nouveau d’un réchauffement, et le visage actuel de la Provence est là. Les sommets auront connu une érosion plus ou moins forte, y créant des fissures, des brèches, d’innombrables vallons, des réseaux charstiques immense, dont un qui bouillonne depuis la baie de Cassis. Mais ceci est une toute autre histoire.

Le Mont Puget c’est 500 millions d’années de formation géologique et climatique. Il domine actuellement la plus vieille ville de France, à savoir Marseille, qui fait vraiment jeune avec ses petits 2600 ans. Mais toutefois, il est plaisant de constater que cette montagne, et les alentours n’ont pas trop souffert de la présence humaine. Pourtant les Calanques attirent chaque année 3 millions de randonneurs, de grimpeur, des amoureux de la nature, habitués, ou bien venant de l’autre bout du monde pour venir voir ces reliefs. Mais le Mont Puget lui reste bien souvent un passible spectateur. Quelques individus pourtant viennent lui rendre visite. C’est peut-être mieux ainsi. Il est souvent bon d’aller à son sommet, s’y reposer, loin du tumulte de la ville, qui depuis là-haut n’est rien d’autre qu’une vague tâche grisâtre ponctuées de cubes.

Pour aller au sommet de cette montagne, je vous propose deux chemins : un premier est assez rapide, il nécessite 1h30 de marche à un bon rythme, en comptant quelques pauses boisson (car il est capital de bien s’hydrater, même en plein hiver), mais il passe via un endroit assez ardu. Un second est moins rapide (comptez environ 2 à 3 heures, il contourne une partie du Mont Puget, mais est plus reposant à effectuer (même s’il ne faut pas s’attendre à du plat).

Voici le plan que j’ai effectué dans Google Maps :


Afficher Allons au sommet du Mont Puget sur une carte plus grande

 Nous partons depuis le terminus du bus 21, qui vient depuis la ville et dessert très bien Luminy en journée (la nuit c’est moins facile, mais toujours possible, du moins jusqu’à 1h et quelques). Ensuite suivez la piste jaune que j’ai tracé. En vert j’ai dessiné un petit raccourci que je prend tout le temps pour ma part, mais plus délicat à suivre, notamment au retour. Je conseille de rester sur la jaune pour éviter de se perdre. Après une quarantaine de minutes de marche, vous voici au pied des éboulis. Et là tout dépend de votre motivation, de votre fatigue. Soit vous empruntez la piste rouge (qui se nommerait « la Cheminée Frager ») et vous serez au sommet en une petite vingtaine de minutes, mais au prix d’assez grands efforts qui peuvent vous fatiguer dès les premières dizaines de mètres. La pente est d’environ 50%, sur un sol modérément instable. Donc cramponnez vous et ne vous précipitez pas.

ERREUR ! N’empruntez PAS les éboulis. C’est une très mauvaise idée de ma part, même si je les ait empruntés moi aussi. Je vous recommande nettement plus le sentier balisé situé un peu plus loin. Référez vous au plan fourni ci-dessus qui vous indiquera où passer. Il en va de votre sécurité, de la protection de la nature (érosion et empêchement de la pousse d’espèces endémiques), et vous vous exposeriez à une contravention, lorsque le Parc National des Calanques sera mis en place de façon totale. Merci bien.

Vous parvenez entre deux parois rocheuses parfaitement verticales, il n’y a plus de gravats mais juste des blocs rocheux et un sol un peu terreux. C’est bien souvent l’endroit idéal pour se reposer, boire un peu d’eau et repartir. Ensuite il n’y a plus qu’à suivre le défilé rocheux, qui vous entraîne en bordure du plateau sommital. Vous aurez alors loisir de le longer pour contempler la vue sur Luminy, Marseilleveyre au loin, la mer, la ville, etc. Pour le sommet, il suffit de parvenir à une bosse, de la traverser pour en rejoindre une seconde située derrière. Un gros cairn signale le sommet.

Si jamais me chemin rocheux vous effraie, vous pouvez prendre la piste bleue, et contourner la montagne. Cela vous rallonge d’une heure à une heure et demi. Mais vous serez moins fatigué-e-s à l’arrivée, même si parfois la pente se présentera comme étant un peu rude (environ 30 à 40%). C’est un chemin agréable qui vous conduit au fond d’un vallon où poussent des arbres qui forment de petits bosquets. Contrastes de végétation par rapport au reste des Calanques qui n’ont qu’une végétation rase, et bien évidemment des pins (qui ne sont pas une espèce présente à l’origine ici, ayant été apportée par les Romains). Attention à ne pas vous trompez (cf. icône rouge sur le plan), le chemin qui conduit au sommet est à gauche, c’est du moins le plus aisé, celui de droite y conduisant mais étant plus difficile (il y a notamment une série de roches assez hautes à escalader). Vous entrerez alors dans un étroit vallon dont le chemin se tortille entre les pins et la végétation rase. Un endroit dont le calme surprend. Vous tournerez à droite après être passé devant un petit bois, uns des rares de cette nature dans le parc des Calanques car il regroupe des chênes notamment. Eh oui, n’oubliez pas que la mer est à peine à deux kilomètres au Sud.

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Et puis le sommet se présentera à vous, après avoir contourné un dernier contrefort rocheux. Il vous suffira de suivre le sentier, toujours bien visible, jusqu’au kern située au sommet, après avoir longé une partie de la crête du Mont Puget.

Voici un panorama effectué le 14 Mars 2010, qui vous montrera ce que vous pouvez voir depuis le sommet. C’est un beau morceau de Provence que vous aurez sous les yeux, voire même lors des périodes de bonnes visibilité, les premiers reliefs alpins, enneigés une bonne partie de l’année. Plus près toutefois vous verrez le Cape Canaille, Marseillevyre, la chaîne de l’Etoile, la Montagne Carpiagne, une partie de la Sainte Victoire, la Sainte Baume. Que de choses à voir, et à revoir.

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Chaque ascension du Mont Puget est unique. Elle offre toujours de multiples points de vue, de superbes lieux de contemplations. On peut venir s’y recueillir, y réfléchir, out tout simplement faire le vide dans sa tête et se laisser envahir par la joie d’être là-haut, tout simplement.

J’espère vous avoir donné l’envie de voir cette montagne avec laquelle je suis définitivement liée.

Enfin, je ne peux que vous recommander ce lien, qui effectuera la recherche sur tout ce qui concerne le Mont Puget sur mon blog.

https://www.db-prods.net/blog/?s=Mont+Puget

Le Mont Puget, machine à rêves…

5 commentaires Ajoutez le votre

  1. morcl dit :

    Bravo pour cet article TRES complet sur le sujet, les photos – nombreuses – ne se font pas concurrence tant elles sont diverses et belles. En ayant lu cette page, on en a presque mal aux jambes tellement on a cru y être monté 😀

  2. Flo dit :

    C’est vraiment superbe, j’espere qu’un jour tu me feras decouvrir ces beaux panoramas. 🙂

  3. Lyo dit :

    Excellent, j’adore 🙂

  4. Bénazet dit :

    Certains disent que le massif Puget ressemble à la tête de Louis XV (ou XVI), mais je n’ai jamais compris comment il fallait regarder le massif pour voir cela !

  5. Sebastien dit :

    Super pour l’article très bien expliqué,
    et un grand merci pour la carte Google Map exporté sur mon smartphone qui m’a bien servi pour l’ascension.
    C’était super !!!

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