Mer de brouillard nocturne au dessus de Marseille du 1er et 2 Avril

Il y a des fois où on a l’impression que tout a été fait pour que l’on soit prêt à l’instant T.

Il se trouve que ce Vendredi soir je devais travailler au restaurant universitaire de façon exceptionnelle. Il se trouve aussi que j’ignore vraiment pourquoi j’avais décidé de prendre ma lampe frontale. Et il se trouve aussi qu’en cette fin de journée qui marque la fin d’une semaine vraiment douce, a été le théâtre de l’arrivée d’entrées maritimes.

Je finissais donc mon travail à 22h environ. Il se trouve aussi que je fais assez peu de compromis quand il s’agit de météo. Voyant que le brouillard avait envahi Luminy, et ayant en mémoire qu’à 18h, la nappe de brouillard était assez fine, il ne s’en fallut pas plus pour que je fasse un excursion en nocturne dans le Parc des Calanques, direction le flanc du Mont Puget. Mon apn est chargé à bloc, une batterie de plus (toujours…) et un mini-trépied à pieds souples, ainsi qu’une bouteille d’eau (toujours…).

Voici le brouillard tel qu’on pouvait le voir à Luminy.

Phénomène assez rare il faut le souligner (toutefois plus fréquent de la neige).

Et je m’enfonce dans les Ténèbres. Enfin un peu. Le brouillard est omni-présent dans la forêt. Je parviens à un endroit où j’entends des bruissements dans les buissons, et même grogner légèrement. Des sangliers. J’ignore combien. Je me fais bien signaler histoire de les effrayer, mais ils ne semblent guère enclin à bouger. Je ne les vois pas mais je sais qu’ils sont proches, dissimulés par la végétation. Je décide d’emprunter un second chemin, plus court. Un genre de raccourci qui permet de se retrouver directement sur le flanc du Mont Puget. Le problème c’est que de jour je connais le chemin. Mais de nuit, avec du brouillard par dessus le marché, la chose est moins évidente qu’il n’y paraît. Je fini par me retrouver en pleine garrigue, presque perdue. Je pensais atteindre le sommet d’une petite colline, et en fait, je me retrouve sur une autre colline un peu plus au Nord. Mais finalement, je parviens à gagner un chemin de randonnée connu et balisé. Et je sors en partie du brouillard. Au dessus de moi la voûte étoilée. En face, les falaises escarpées du Mont Puget. Et derrière moi, la silhouette de volutes de brumes qui se détachent en ombres chinoise sur fond lumineux. Aidé par mon HTC et donc GPS, je me localise sur le chemin et peut partir sur un second niveau de pistes qui fait presque le tour de la montagne. Je reviens dans le brouillard.

Parvenue au second niveau, le ciel se dégage, et la vision commence à être bouleversante. Inédite même. En dessous d’un ciel étoilé, un magma de nuages multicolores. La mer de brouillard ! Eclairée par les lumières de Luminy, et de toute la ville. Car le brouillard s’étend à perte de vue. Je pousse un cri de joie. Quelle vision féerique. Il est un peu plus de 23h un Vendredi soir, et je suis sur le Mont Puget, contemplant ce dont je rêve depuis quelques temps déjà. La musique en provenance d’un petit concert organisé à la Cité Universitaire en contrebas rajoute au surréalisme de la scène. Une musique venue d’ailleurs…

Je prend fébrilement mon apn, y visse dessus le mini-trépied et exécute une première série de clichés.

Un panorama. Imaginez en dessous une agglomération de plusieurs centaine de milliers d’habitants, ne se doutant pas de la beauté du spectacle qui se joue ici. On distingue tout à gauche Marseilleveyre qui perce au dessus la marée vaporeuse. A droite, juste derrière la silhouette sombre de la Montagne Carpiagne, la chaîne de l’Etoile, elle aussi au dessus.

Deuxième panorama. Difficile de faire un assemblage panoramique sur une masse mouvante. Notez à droite les filés des phares de véhicules, dont quelques uns émergent du brouillard.

En direction de la Mer Méditerranée, une autre mer. Celle-ci n’est pas éclairée par en dessous. Toutefois elle est également visible à cause du halo de pollution lumineuse dispersé par Marseille. A droite, vue rapprochée sur Marseilleveyre. Ilot surgissant au dessus des nuages, tandis qu’Orion se couche juste derrière.

Zoom sur une structure au loin.

Les nuages sont comme phosphorescents, hypnotisants. Je décide de faire un lightpainting « pour la postérité ».

Ainsi qu’un dernier panorama sur cette mer de nuages, avant de me résigner au retour…

Je m’aperçois sur le chemin du retour que le niveau de cette mer a diminué. La masse d’air semblant s’assécher. Je ressens vivement les variations de températures, entre des bouffées de douceur, et des passages à frais lorsqu’un lambeau de brouillard me touche. Je parviens de nouveau dans le brouillard cela dit. Pas de mauvaises rencontre, juste moi, et le silence de la nuit, à peine perturbé par les quelques gouttes d’eau qui tombent de la pinède surchargée en rosée. C’est fatiguée que je gagne l’abri bus, en attendant de pouvoir rentrer. Il est 1 heure du matin.

2 commentaires Ajoutez le votre

  1. TOUILLE dit :

    Bonjour,
    J’ai découvert votre blog par hazard et WAOUW !!!! Quelles magnifiques photos !!! Superbe paysage que je rêve également un jour de voir et d’immortaliser. quel genre d’appareil avez vous ? et quel réglages pour obtenir ce superbe rendu ?
    J’ai un finepix de fuji, apparament du bon matos mais je ne sais pas l’exploiter comme il faut à mon grand regret. En tout cas félicitations c’est vraiment beau.

    1. Damia Bouic dit :

      Bonjour Touille,

      Merci pour ton très agréable commentaire.

      J’ai un Canon Eos 400D équipé d’un objectif Sigma 18-200. Pour les réglages je fais ça manuellement. Les modes automatiques ou semi-automatiques sont à proscrire si l’on veut faire de bonnes images.

      T’en fais pas pour l’exploitation de ton apn, il faut de la pratique. Il n’y a pas de secrets : pratiquer, tester, juger, revenir sur la pratique, etc.

      Encore merci pour ton passage ici 🙂

      A une prochaine fois peut-être.

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